Bien vivre

L’art comme outil de dépassement personnel

Les rayons des magasins de papeterie pullulent d’albums à colorier anti-stress pour adultes, estampillés “art-thérapie”. Mais le terme est galvaudé : « c’est une manière de se centrer, de se relier à soi, tout comme le tricot, le jardinage, ou toute autre activité manuelle et créative, mais ce n’est pas de l’art-thérapie », observe Christelle Alexandrowicz, art-thérapeute à Ambarès, près de Bordeaux. L’art-thérapie est, comme son nom l’indique, une méthode visant à utiliser le potentiel d’expression artistique et la créativité d’une personne à des fins psychothérapeutiques ou de développement personnel (définition Wikipedia). Cette « technique douce de soin » va permettre à chacun « d’exprimer un ressenti, un manque, une angoisse, une solitude… », souligne la professionnelle girondine. « Elle va également permettre d’extérioriser des événements traumatisants refoulés. » Chez l’enfant, ce peut être la séparation des parents, des problèmes avec des camarades de classe, un déménagement… Adolescent ou adulte, vous devez faire face à la maladie, à un manque de confiance en vous, à des cauchemars, des peurs ou bien à des troubles alimentaires…

Après avoir démissionné de son métier de commerciale, Christelle Alexandrowicz se met à dessiner et peindre et se rend vite compte « que l’on a des périodes de notre vie où l’on va utiliser plus certaines couleurs que d’autres». Egalement bluffée par sa capacité à passer deux heures sur une œuvre sans voir le temps passer, elle réalise que l’exercice « demande une telle concentration qu’on est vraiment dans le moment présent ». De nombreuses personnes venaient déjà facilement vers elle pour lui confier leurs problèmes. Pourquoi ne pas apprendre à les aider par l’art ? En 2009, elle s’inscrit pour une formation de trois ans à l’école Plénitude à Bordeaux, spécialisée dans l’art-thérapie évolutive ®. Aujourd’hui, dans son cabinet d’Ambarès, elle accueille des patients de 4 à 84 ans, venant parfois de loin.

 

La main se libère sans mobiliser le cerveau

Ses outils : des feuilles de papier grand format et des pastels secs. Le patient doit laisser libre cours à son expression. L’objectif n’est pas de montrer que l’on sait dessiner, « ce n’est pas le savoir-faire qui importe mais le message porté par la création », précise la thérapeute, qui va regarder quelles couleurs sont utilisées, à quel endroit de la feuille est placé tel trait… La main se libère sans mobiliser le cerveau. C’est à ce moment-là que toutes les barrières sont levées et que l’on peut se laisser emporter et poser sur le papier ses émotions. L’œuvre peut être vue comme une porte d’entrée de l’inconscient.

Et face à un blocage par rapport au fait de dessiner, il y a toujours la possibilité d’écrire. Ou de partir en mouvement, « en danse intuitive » sur la musique de fond utilisée par la thérapeute : une autre manière « d’amener une personne à se libérer ». L’échange conversationnel est aussi présent car souvent, l’expression artistique libère la parole. « Quand le dessin est fini, on l’accroche au mur et le sujet est invité à dire dit ce qu’il ressent devant sa création », décrit la professionnelle, qui va l’aider à poser des mots sur ses limitations, ses croyances. « Elles lui deviennent évidentes puisqu’il les a posées lui-même sur le papier ». Afin de les libérer, le sujet les retire du dessin pour les extraire. L’acte est symbolique : « on les découpe, puis on colle un papier à l’endroit où on a libéré quelque chose, sur lequel on va à nouveau dessiner. Petit à petit, de nouvelles qualités vont être intégrées », les potentiels de la personne vont émerger.

 

Thérapie positive

L’œuvre évolue et en même temps, la conscience de l’individu. Le sujet n’est pas assailli de questions, il se dévoile petit à petit, en douceur avec sa créativité.

« L’art-thérapie est une thérapie positive, insiste Christelle Alexandrowicz. La personne va s’élever, on va toujours l’encourager, lui montrer ce qui est beau et la conduire à une transformation positive d’elle-même. » Les collègues d’une de ses anciennes patientes ont cru qu’elle avait fait de la chirurgie esthétique tant elle est devenue « lumineuse. L’art-thérapie permet d’apprendre à écouter sa voix intérieure, son cœur afin de vivre en accord avec soi », conclut-elle.

 

artherapeute

 

Contact : Christelle Alexandrowicz, art-thérapeute évolutive, 06 84 47 46 32, http://www.art-therapie-gironde.fr
Conseils de lecture :
Le dessin guérisseur de Marie-Odile Brêthes, créatrice de l’école Plénitude
Se libérer du patriarcat, le mythe de la Genèse, Catherine Vallée et Marie-Odile Brêthes