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Non scolarisés, ils apprennent autrement

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Ils sont près de 7 500 enfants en France à ne pas avoir pris le chemin de l’école lundi 4 septembre car leurs parents ont choisi de les instruire en famille.

« Le unschooling », mode éducatif centré sur la liberté d’apprendre, a le vent en poupe. Mélanie, dont le fils Pierre, 11 ans, n’a jamais mis les pieds dans une classe, avoue « ne pas rejeter l’école » mais vouloir offrir à son fils « le respect de son rythme biologique et préserver son envie de découvrir ». Certains parents enseignent eux-mêmes à leurs enfants à la maison, elle a opté pour “l’apprentissage informel ou auto-géré”.

 

L’école n’est pas obligatoire

Une alternative autorisée par la loi « puisque l’école n’est pas obligatoire en France, seule l’instruction l’est, de 6 à 16 ans », précise la maman. A Paris, où elle habite une partie de l’année, les familles ont formé un réseau qui organise toutes sortes de rencontres. « On pourrait craindre une désocialisation mais c’est tout l’inverse ! Mon fils est inscrit à des activités régulières de sciences, de danse ou de théâtre et il a tous les jours une sortie, au musée ou ailleurs, en compagnie de personnes de toutes tranches d’âge, ce qui est très enrichissant. »

Si Mélanie a la chance de travailler chez elle, l’emploi à l’extérieur n’est pas un frein selon elle : « Quand on choisit cette voie, on s’organise. » Et dès que l’enfant est un peu plus grand, « il peut accompagner ses parents dans leurs aventures, il participe à la vie et est ancré dans la réalité ».

Les familles, qui doivent chaque année se déclarer à la mairie de leur domicile et au rectorat, sont régulièrement contrôlées : « un inspecteur de l’Education nationale vient s’assurer que nos enfants progressent et ont des acquis ». C’est la seule condition « et en général, ça se passe plutôt bien ».

 

« Quand c’est mûr, ça sort »

Pas de devoirs à faire pour Pierre, ni d’exercices académiques, encore moins de manuels à ouvrir. A l’école de la vie, l’enfant a appris à lire par lui-même et surtout, par le jeu. « Je lui ai toujours lu une histoire le soir, raconte Mélanie. Puis, avec des cartes, il a découvert l’alphabet. Entre 3 et 6-7 ans, il s’est familiarisé avec les lettres et les mots, il a emmagasiné toutes les clés de la lecture mais ne manifestait pas le désir de lire. C’est venu un jour, vers 7-8 ans lorsqu’il est tombé sur un bouquin qui l’intéressait. Il l’a lu tout seul, avec la compréhension du texte. Dans le film réalisé par Clara Bellar (Etre et Devenir, 2014), quelqu’un dit : “Quand c’est mûr, ça sort” : il faut que la connaissance fasse sens pour l’enfant. »

Et ce sont le désir et le plaisir qui guident les expériences de Pierre. « Très tôt attiré par les chiffres, il a commencé à calculer spontanément le nombre de carreaux sur les vitres et la multiplication lui est apparue de manière logique ». Il a aussi le temps de se consacrer à ses passions pour les animaux ou les jeux vidéo, en y trouvant toujours un intérêt pédagogique…

 

Un grand sens de la coopération

Quand il sera en âge de passer le bac, sésame indispensable pour accéder aux études supérieures, le fils de Mélanie pourra le faire en candidat libre et elle ne se fait pas de souci pour lui. Mais cette sérénité n’était pas gagnée, dans une société qui pousse à “entrer dans le moule“. « J’ai dû me déscolariser moi-même, a-t-elle récemment confié au micro de France Bleu. J’ai dû gérer mon stress pour bien comprendre qu’apprendre est naturel pour l’enfant. J’ai beaucoup lu, échangé avec des familles qui avaient déjà fait ce choix et ai été admirative de la grande ouverture de ces enfants. Dans les universités américaines, ils sont beaucoup appréciés pour leur sens de la coopération. »

 

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