Bien vivre

Une maroquinerie aux malins parfums de fruits

« Notre sac est notre compagnon de route, il peut nous suivre toute une vie. » Odile Coss est fière d’être maroquinière, de fabriquer un objet si « important » au bras et aux yeux de ses clients. Couturière de première formation, lauréate du concours de meilleur apprenti de France, la jeune femme de 21 ans aime « la résistance du cuir, c’est vraiment une matière magnifique ». Mais difficile, quand on est végétarienne et sensible à la protection de l’environnement, de cautionner l’élevage intensif et la pollution générée par le tannage des peaux !

 

Odile Cosson a la passion de son métier de maroquinière

 

Dès son installation ou presque, la Girondine s’est penchée sur les alternatives possibles : et si l’avenir de nos sacs en cuir était végétal ? Cuir d’ananas, de champignon, de raisin ou même de fruits rabougris : les études se multiplient et certains produits sont aujourd’hui aboutis.

 

L’ananas, as des alternatives au cuir ?

Tout droit venu des Philippines, le Piñatex a bonne mine. Ce cuir fabriqué à partir de fibres de feuilles d’ananas est sans doute aujourd’hui le plus médiatisé. « Il a un côté un peu grainé, froissé vraiment intéressant », observe Odile Coss, qui regrette toutefois une accessibilité pour l’instant limitée « aux industriels ». Des expériences seraient menées en Italie sur le cuir de vin : « dans la région de Bordeaux, ce ne serait pas idiot », mais nous n’en sommes encore qu’aux balbutiements…

C’est le projet Fruitleather Rotterdam, à base de fruits, qui la séduit. Pour ne pas gaspiller, ces étudiants ont trouvé le moyen de réutiliser des fruits jetés : « Ils sont broyés, étalés sur de grandes plaques, puis déshydratés », comprend Odile Coss. Pour un résultat bluffant : son échantillon reçu à la maison, la maroquinière a pu l’apprécier au toucher et au nez : « On voit que ce n’est pas du cuir animal mais c’est assez épais et la texture granuleuse est bien faite : on voit toutes les fibres ». Quant à son odeur, « elle est vraiment agréable, un peu celle d’une figue séchée. C’est vraiment intéressant », conclut l’artisane, tentée de se lancer.

 

Plus respectueux mais guère plus onéreux

En couveuse depuis un an chez Simone et les Mauhargats, la jeune femme ose vouloir vivre de sa passion et de son art, loin des sacs standards : « C’est génial de pouvoir créer, selon l’inspiration, à la demande, avec telle ou telle couleur ou pour tel ou tel budget. C’est cool de pouvoir être habillé tout simplement, en noir, et d’avoir un sac qui va habiller et égayer la tenue », confie celle qui espère tirer son épingle du jeu. « Sans être forcément véganes ou végétariennes, beaucoup de personnes sont aujourd’hui sensibles à l’environnement », l’avenir est donc probablement dans ces nouveaux cuirs, plus respectueux mais guère plus onéreux.

 

Une des créations d’Odile Coss, en cuir animal avant de se lancer dans le cuir végétal

 

Odile Coss, https://www.facebook.com/ODILECOSS/