Déco

Quand déco rime avec écolo et solidaire

Atelier d’éco solidaire. Dans le titre, tout est dit. Quand Fabrice et Nathalie Kaïd ont créé cette association, il y a six ans à Bordeaux, ils visaient un triple objectif décoratif, écologique et social. Recycler, Nathalie a ça dans le sang. Photographe de formation, artiste dans l’âme, elle s’est toujours amusée à « travailler des trucs de récup », en leur donnant une touche très personnelle à la fois très visuelle et très colorée : « Je ne suis pas une écolo militante dans le sens qu’on peut imaginer, sourit la directrice de création. J’aime faire du mobilier esthétique, gai, contemporain. »

Passionnée, elle n’en est pas à son coup d’essai. Après avoir tenu en couple, pendant une dizaine d’années, le magazine MAISON Creamania, qui encourageait les lecteurs à customiser leur mobilier, elle a collaboré à des émissions télévisées telles que Teva Déco ou Côté maison sur France 3.

 

Faire du bien à la planète, aux autres et à soi

En créant en 2010, l’Atelier d’éco solidaire, l’ambition était de « faire du bien à la planète » tout en faisant du bien aux autres et à soi-même. L’aventure a démarré chez Nathalie, dans son atelier d’artiste, avant de trouver un premier épanouissement au cœur du Grand Parc à Bordeaux. Aujourd’hui, la structure compte 13 salariés et une cinquantaine de bénévoles et dispose de 1 200 m2 de surface de travail et de stockage tout près du cours Bacalan. Un entrepôt devenu insuffisant au regard du potentiel de matériaux recyclables…

En relation avec le monde de l’entreprise, Florian récupère les chutes et rebus de production d’une société de packaging bois. Avec un fabricant de vêtements de sport, ce sont des chutes de lycra qui sont négociées… Sans compter tous les meubles, vêtements… laissés par les particuliers, selon deux procédés : en se rendant directement au 6 rue de la Motte Picquet ou en faisant appel à un des deux collecteurs employés par l’association.

 

Un showroom

Pour transformer tout ça, l’atelier est organisé en sous-ateliers peinture, métal, bois et tapisserie-couture. Dans ce dernier domaine, c’est Laura la référente, diplômée en tapisserie d’ameublement. « Pour remettre en état un fauteuil, c’est du travail d’équipe, explique-t-elle. Il va souvent passer chez mes collègues du bois pour réparer un pied cassé puis ensuite à la peinture, avant de refaire l’assise. »

 

A l’atelier, rue de la Motte Picquet à Bordeaux, on recycle les matériaux avec un peu d’esprit créatif et des talents d’artisan

Une partie des œuvres réalisées sont exposées et mises en vente dans le showroom. « Car il y a des gens qui ne vont jamais fabriquer mais aiment cette idée de recycler et ont du pouvoir d’achat », observe Nathalie Kaïd. On y trouve par exemple des sacs très originaux, confectionnés à base de bâches de communication de la ville et de chutes de lycra. C’est une des créations des “super-mamies”. Car dès ses origines, l’atelier s’est voulu intergénérationnel pour un échange de savoir-faire et d’expérience. Aujourd’hui, à l’image de Micheline qui avoue « maîtriser beaucoup de techniques et savoir faire tout ce qu’on peut faire avec ses mains », elles sont une dizaine de bénévoles inspirées et motivées, détournant des matériaux qui sans elles, seraient probablement partis à la poubelle. Comme ces têtes de licorne conçues à partir de papier journal…

 

Un vrai partage de savoir-faire

Tout au long de l’année, l’atelier reçoit des bénévoles et des stagiaires pour ce partage de connaissances. « Selon leurs capacités et leurs envies, ils travaillent sur de la réalisation très professionnelle », insiste Nathalie Kaïd. Et qu’ils aient frôlé le burn-out dans leur entreprise, soient sortis du système scolaire ou aient tout simplement envie de donner du sens à ce qu’ils font, des vocations peuvent ainsi naître. « Beaucoup de bénévoles viennent apprendre pour refaire chez eux », se réjouit Laura. « Pour décorer leur appartement, on préfère qu’ils récupèrent des meubles et qu’ils les retapent, plutôt que d’acheter du neuf », ajoute Nathalie.

Et l’association n’a pas fini de tisser des liens. Avec l’Epide, qui rend les jeunes acteurs de leur avenir en les impliquant dans la réhabilitation de leur foyer ; avec les instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques (ITEP) afin de permettre à des adolescents en difficulté de se revaloriser au travers des métiers de l’artisanat ; avec des écoliers dans le cadre des Juniors du développement durable, initiées par Bordeaux métropole : l’occasion de remettre en état une armoire oubliée au fond d’une classe, pour y ranger les jeux de société, livres… dont dispose l’établissement.

Le concept est infini. « Notre seule limite est budgétaire, nous aurions besoin de plus de soutiens pour créer une sorte de pôle », confie Nathalie Kaïd. D’où un travail assidu, depuis deux ans, avec les entreprises et le gain de marchés importants pour (re)décorer deux étages de bureaux au nouveau Musée du vin ; aménager un espace de coworking…

Dernière innovation de la directrice de création : une give box, ou comment faire renaître des vieilles armoires métalliques dont plus personne ne veut en mini-recycleries de quartiers pour y déposer tous les objets qu’on a à jeter : deux verres, une boîte de jeu… Esthétique, ludique, pratique, écologique et vecteur d’une dynamique sociale. Le blason de l’Atelier d’éco solidaire.

atelier-deco-solidaire-give-box-200x300

L’Atelier d’éco solidaire vient d’inaugurer sa Give box, jolie petite recyclerie de quartier

 

http://atelierdecosolidaire.com/

6 rue de la Motte Picquet – Bordeaux, 05 56 10 46 19.