Déco

La fresque murale, art du partage

On peint sur les murs « la force de nos rêves, nos espoirs en forme de graffiti », on peint sur les murs « pour que l’amour se lève un beau jour sur le monde endormi ». Demis Roussos, repris par les Kids United, ne croyait pas si bien dire. Pour l’artiste Lydie Baron, donner de la couleur à un mur, c’est ouvrir son cœur à tout ce qui l’entoure.

 

La fresque, peinture d’ouverture

 

C’est lors d’un voyage en Chine que cette illustratrice jeunesse tombe en admiration devant une fresque de maisons à la ligne claire. A son retour en France, celle qui avait tant aimé s’essayer aux grands formats, aux Beaux-arts à Bourges, décide de s’y consacrer. Animée par l’envie « de donner des pinceaux aux gens », très attachée à la « transmission », elle décide de faire de sa prochaine mission en Inde un moment de créativité partagée. Encouragés par son talent et son regard bienveillant, des enfants ont ainsi pu donner vie au mur de leur orphelinat. Comme si cette forme de peinture offrait une ouverture… Aujourd’hui appelée à mener ce type d’atelier dans des quartiers, ce qui lui plaît c’est « engager un dialogue avec ses habitants. On fait devant eux, on donne à voir et à faire ».

 

Lors d’un voyage en Inde, Lydie Baron a réalisé une fresque sur le mur d’un orphelinat, en faisant participer les enfants

 

Lydie Baron donne  » à voir et à faire  » dans ses fresques extérieures réalisées dans les quartiers

 

Ce concept de fresque participative séduit. Lydie Baron, qui a plus d’une corde à son art, se verrait bien adapter aux attentes des particuliers son aspiration pour les dessins enfantins. Pourquoi ne pas imaginer réutiliser les croquis des petits pour décorer les murs de la maison familiale ? La peintre aurait plaisir à partir de l’existant. Sa nièce Florence Petit, architecte d’intérieur, fait appel à elle pour proposer à ses clients « des espaces à leur image qui révéleront leur volume ».

 

Une œuvre unique

 

On a vu naître et se développer ces dernières années, le métier de “décograffeur”. « Le Street art ayant bonne presse, il y a de la demande, reconnaît Lydie Baron, mais il ne faut pas oublier qu’on est sur une œuvre artistique qui demande un certain investissement. Ce n’est pas la même démarche qu’aller acheter un cadre dans un magasin ! Tous n’ont pas les moyens de la réalisation. » Cette œuvre-là, elle est unique !

 

A son retour de Chine, Lydie Baron a élaboré un projet de fresque intérieure représentant le quartier préféré du client

 

Et puis il y a cette notion de conseil, tellement essentielle. « Les gens ont souvent une attente particulière qui ne va pas avec le lieu : il faut leur faire comprendre qu’ils doivent lâcher prise et faire confiance à l’artiste. C’est une aventure à la fois passionnante et périlleuse. Je dois par exemple redécorer la salle de repos d’un centre de travailleurs handicapés : la direction voulait que je dessine des vis et des boulons mais j’ai la sensation qu’ils ont surtout besoin de verdure et d’un échappatoire. »

Mettant toute sa sensibilité au service du projet, cette “touche art tout” a bien conscience que son client devra vivre un certain temps avec l’œuvre réalisée. « Alors il faut créer quelque chose qui ne fera pas lassitude, insiste-t-elle. Souvent, on me dit que c’est assez épuré, simple. Je leur réponds : Vous me remercierez dans vingt ans ! »

Si l’on devait en effet décrire le style de Lydie Baron, on parlerait de « douceur », de peintures « reposantes. Une fausse naïveté, sans doute ». A bien y regarder, vous y verrez un second degré. Et l’artiste en sera comblée.