Portraits

Des mètres plein la tête

Métreur. A l’évocation de cette profession, on imagine volontiers une personne déambulant un mètre ruban dans la main, un calepin dans la poche et un crayon posé sur l’oreille, à l’affût de la moindre mesure à effectuer. Le métreur a tout d’un matheux, trimballant dans sa mallette un nombre incalculable de chiffres, mais la définition de son métier est bien plus complexe qu’il n’y paraît. Véritable homme de l’ombre du bâtiment, il joue un rôle essentiel à la bonne tenue d’un chantier. Si vous faites construire ou rénover votre maison, vous aurez bien plus de chances de croiser le chef de chantier, le maçon, le plâtrier ou le plombier. Pourtant, sans son intervention, aucun de ces artisans ne passe à l’action. Il est le premier maillon de la chaîne. L’économiste de la construction, c’est son petit nom, par ses calculs et ses relevés, déterminera le prix de votre construction ainsi que les quantités de matériaux nécessaires pour chaque poste (gros œuvre, menuiserie, peinture, électricité…).

Il peut tout aussi bien travailler dans des cabinets d’architecture que dans des cabinets techniques sous-traitants. Mathieu Vallejo a choisi cette seconde option, qui lui permet « d’être plus dans le concret ». Recruté par une entreprise de peintures intérieures et extérieures, ravalement, isolation et bardage à Bordeaux, il est chargé d’établir les devis après analyse complète des plans des bâtiments. La plupart du temps, il s’agit de projets neufs, de cinquante logements minimum. Dans son bureau d’études, ils sont quatre métreurs, deux chargés des projets neufs, deux de la rénovation. Dans le neuf, Mathieu Vallejo a hérité des plus grosses commandes et c’est ce qu’il aime : le Stade de Bordeaux ou la renaissance du quartier (gare) Saint-Jean Belcier sont des chantiers qui font rêver.

 

Un télémètre et une tablette

Ses outils de travail : un télémètre (appareil ou dispositif permettant par télémétrie de mesurer une distance) pour faire les relevés sur façades, puis de retour au bureau, une tablette digitalisée, longue d’environ 1,50 mètre « car il faut pouvoir déplier le plan dans son intégralité », un pointeur et « on n’a plus qu’à calculer sur l’ordinateur, avec Excel (logiciel tableur de création de feuilles de calcul)».

Après un bac pro Techniques de l’architecture et de l’habitat, le jeune homme s’est spécialisé dans ce domaine en poursuivant un BTS par alternance Etudes et économie de la construction. Ce qu’il préfère dans ce métier : « avoir la contrainte de faire vite sans se tromper. C’est stimulant d’avoir cette pression du maximum de chantiers en un minimum de temps et en étant au plus juste car on sait que tout va dépendre de notre devis ».

 

Des coulisses à la scène…

Du haut de ses six ans d’ancienneté, le métreur ne se voit pas compter toute sa vie. Il aimerait bien un jour sortir des coulisses pour entrer sur la scène du bâti et endosser le rôle de conducteur de travaux, pour plus de contacts avec le public et plus de variété dans son activité. Un de ses collègues a pourtant trente ans de métier, preuve que des chiffres, on peut ne jamais s’en lasser !