Bien vivre

Travailler à domicile, est-ce si facile ?

Selon un sondage récent de l’Observatoire du télétravail, 73 % des Français seraient prêts à travailler à la maison. Quelle mouche a donc piqué la population active du 21e siècle ? Est-ce si facile d’élire bureau à domicile ? Le rêve ne risque-t-il pas de vite virer au cauchemar ?

L’aventure est tentante, pour en finir avec le traditionnel schéma « métro-boulot-dodo ». « C’est agréable de ne pas prendre sa voiture le matin pour aller travailler », confie Guillaume, auto-entrepreneur depuis trois ans et demi. Dans son activité, la création vidéo, « l’inspiration ne vient pas forcément aux heures de bureau » : pouvoir gérer son temps comme il le souhaite est pour lui un vrai atout.

 

Indépendance

 

Historien et auteur, Vincent travaille aussi dans un secteur où les contrats traditionnels de type CDD (à durée déterminée) ou CDI (à durée indéterminée) sont rares. Et il avoue apprécier son « indépendance », après avoir connu le statut salarié. « Je n’ai pas de comptes à rendre et j’ai une grande flexibilité dans ma vie privée », souligne-t-il.

Mais quand on fait ce choix de vie, atteint-on vraiment le paradis ? Une journaliste du magazine Psychologies a testé il y a quelques années le télé-travail. « Surmenée » par son rythme quotidien et l’ambiance bruyante du bureau, c’est avec enthousiasme qu’elle attaque son expérience. Première observation : « Dans la solitude de mon doux chez-moi, je travaille deux fois plus vite donc deux fois plus. » Mais dès le deuxième jour, des grains de sable viennent se mettre dans l’engrenage : à ponctualité non exigée, réveil plus difficile ; il est aussi aisé de se laisser distraire par une voisine venant proposer un thé… « Il y a toujours un truc : le facteur qui sonne, quelqu’un qui tond sa pelouse », observe Guillaume, et on n’arrive pas forcément à se mettre dans sa bulle.

 

Une discipline à trouver

 

« Le plus dur est d’arriver à éliminer les parasites domestiques, il est impératif de trouver une discipline », insiste celui qui apprécie pourtant de pouvoir aller faire les courses en journée ou de récupérer son fils à l’école s’il est malade. « Mais il faut aussi faire comprendre au conjoint que travailler à la maison ne permet pas d’exécuter toutes les tâches ménagères ».

Selon Vincent, le risque est également de souffrir d’un « isolement relatif », même si lui estime avoir le caractère pour. « Oui, parfois, c’est dur de ne pas avoir de collègues avec qui parler mais les réseaux sociaux sont là », tempère Guillaume qui, dans son métier, a la chance de se rendre assez souvent sur le terrain, l’occasion de parler avec les gens qu’il rencontre « et clairement, ça fait du bien ».

Si parvenir à mieux concilier vie professionnelle et vie familiale est l’ambition de nombre de femmes (et d’hommes), la réalité financière reste compliquée lorsqu’on a opté pour un statut de micro-entrepreneur. « La précarité des revenus et l’incertitude permanente du lendemain » pointées par Vincent peuvent faire renoncer. « C’est stressant cette peur de manquer de contrats, mais c’est aussi agréable de travailler dans ce qu’on aime », optimise Guillaume. Une question de priorités, d’équilibre à trouver entre aisance budgétaire et qualité de vie…

 

Des journées plus étalées

 

Surtout, vous l’aurez compris, la clé d’un travail à domicile réussi, c’est l’organisation ! Aménagez-vous un espace fermé, dédié à votre activité, afin d’établir une frontière entre vos deux univers. Même contrainte pour les horaires : Guillaume « essaie de ne pas travailler » quand sa femme et ses enfants sont là, « sauf cas exceptionnel », quitte à s’y remettre une fois qu’ils sont au lit. Le paradoxe du travailleur à domicile, ce sont en effet des journées plus étalées pour mieux tout concilier. Mais pour certains, ce n’est « que du bonheur ». Passée la période de rodage, qui mettra toutes ces embûches sur votre passage, vous goûterez sans doute au plaisir d’être maître de votre avenir, heureux dans une vie que vous aurez choisie.